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Des « pro-ana » à l’amplification algorithmique sur TikTok, le serpent de mer des contenus attisant les troubles alimentaires

TikTok favorise-t-il le développement de troubles du comportement alimentaire (TCA), tels que l’anorexie ou la boulimie ? C’est en tout cas l’un des griefs qu’ont à son encontre sept familles, qui l’ont assigné en justice lundi 4 novembre, devant le tribunal de Créteil. Regroupées au sein du collectif Algos Victima, elles accusent l’application chinoise de mettre en valeur des contenus promouvant les troubles alimentaires, ainsi que les idées suicidaires et l’automutilation.
A cause de son algorithme de recommandation, de son manque de modération et de son potentiel addictif, TikTok aurait contribué à « la dégradation de l’état de santé physique et mentale de leurs enfants », a déclaré leur avocate, Laure Boutron-Marmion, auprès de Franceinfo. Deux des sept adolescentes concernées ont mis fin à leurs jours, et quatre ont tenté de le faire. La dernière a, quant à elle, connu des problèmes d’anorexie.
« Les réseaux sociaux actuels sont un espace favorisant pour les troubles alimentaires, car on y voit beaucoup d’images de corps. Or, la population atteinte de ces troubles se compare plus aux autres que la moyenne, constate Barbara Jiotsa, psychiatre à l’origine d’une thèse sur l’influence des réseaux sociaux sur l’image corporelle et les TCA. Pendant la période du Covid, on voyait aussi des patients dont les troubles s’étaient déclenchés après avoir rencontré du contenu d’influenceurs sport, ou de “coachs” en alimentation saine. »
L’impact des réseaux sociaux et d’Internet sur les troubles alimentaires fait débat depuis longtemps. Dès les années 2000, on voit apparaître des sites et des blogs accusés de faire l’apologie de l’anorexie et de la boulimie, surnommés respectivement « pro-ana » (pro-anorexia) et « pro-mia » (pro-bulimia).
Les personnes atteintes de ces troubles y partagent des conseils extrêmes pour maigrir et de la « thinspiration » (fusion de thin, « fin », et de inspiration) : des images de corps maigres, des slogans culpabilisateurs. Mais pour les sociologues Paola Tubaro et Antonio A. Casilli, ces sites sont aussi des espaces de soutien entre malades, qui échangent récits, souffrances et symptômes médicaux.
En France, la législation tente de s’emparer du sujet : après une première proposition de loi en 2008, l’Assemblée nationale vote en 2015 la création d’un « délit d’incitation à la maigreur excessive », passible d’un an de prison et de 10 000 euros d’amende. Il est finalement retiré six mois plus tard devant l’opposition d’experts et de professionnels de santé, craignant une répression des malades et un isolement accru.
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